La nuit commence avec les chiens. Ils jappent les uns les autres comme en répons successifs, qui s'éloignent de la chambre et y reviennent. Vagues dont le rythme est trop erratique pour porter au sommeil. Après un long moment la nuit s'apaise, je ne dors pas, les images viennent comme en marée dans le corps, elles dansent, elles ne parviennent pas à s'épuiser. Pourquoi l'Arménie? Il n'y a de réponse que dans l'évidence nue du voyage, seconde à seconde, comme une terre entière qu'on toucherait du bout des doigts, femme qu'on regarde et l'amour vient sur elle, qui la nimbe.
Des éclairs maintenant vers l'est dans les montagnes. Je me lève, l'orage approche, la fraîcheur du vent de nuit qui passe les fenêtres, puis l'averse, légère, qui délivre.