Areni
Pierre tombale près de l'église
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Ketcharis
Le bac à bougies
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Moro dzor
Chemin dans le village
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Aghitou
Une pierre tombale
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Bjni
L'église Saint-Serge
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Ererouk
Restes de la façade
Noradouz
Détail d'un khatchkar

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Deux heures et mille récits ou presque, des fragments qui s'entrelacent, dentelles des bribes humaines. C'est à Toronto aujourd'hui, on tourne un film historique sur des événements à Van, en 1915. C'est une photographie d'une mère et son enfant, et c'est l'enfant sauvé des massacres, devenu peintre qui en fait un tableau. C'est un film dans un film, à Van, et l'on voit le Mont Ararat en toile de fond mais ce n'est qu'un décor car "de Van on ne voit pas l'Ararat". C'est un jeune homme qui voit ces images qu'on fabrique, qui part là-bas en Turquie, filmer ses racines arméniennes, pour que cela, qu'on filme à Toronto, soit plus vrai. Il est au lac de Van, à l'église d'Aghtamar, il est à Ani, il tente de comprendre, l'histoire à rebours qu'il ne sait pas, l'Arménie qu'il ignore, là en Turquie. Des lieux de mémoire et des ruines il fait des images. C'est un douanier qui soupçonne ces images de n'être que de la drogue. C'est ce qu'on oublie, d'une génération à l'autre. C'est ce qu'on transmet, sans le savoir souvent, repères dans les lieux de l'enfance, familles morcelées, langues encore qui nous soudent.

L'identité à laquelle on croit échapper toujours, mais qui nous enserre, images mouvantes, à notre insu, images d'images, qui nous fondent. "Les images ne montrent rien, elles peuvent simplement porter une mémoire, parce qu'elles font partie d'un héritage.63" Mais la mémoire et l'héritage sont en loques, pour les Arméniens de Toronto comme pour nous tous, Egoyan montre admirablement comment les histoires individuelles forgent des références multipliées, partielles, partiales. Vertige immense des représentations où nous errons, hantés des signes fondateurs, hantés d'une histoire impossible à établir: "Ce que nous appelons "la vérité" est fait de choses auxquelles nous avons besoin de croire à un moment donné de notre vie.64"

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63 Philippe Huneman, L'irréconciliation: d'Aghtamar à Toronto et retour, critique du film.
64 Atom Egoyan, entretien avec Michèle Halberstadt à propos du film.