Ererouk
Restes de la façade
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Areni
Pierre tombale près de l'église
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Moro dzor
Chemin dans le village
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Aghitou
Une pierre tombale
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Ketcharis
Le bac à bougies
Bjni
L'église Saint-Serge
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

On s'avance vers l'autre groupe d'églises et d'abord ces vestiges de l'église dédiée à Jean-Baptiste, construite au IXe siècle et dont il reste quelques murets où sont adossés des khatchkars d'une grande finesse. Puis, à l'entrée du gavit du XIIe siècle, à nouveau deux tympans superposés, mais ici libérés de tout décor. L'univers de la femme encore en bas, de pierre rouge, et celui de l'homme-Dieu en haut.

De loin, tout semble simple. Un tympan modeste entouré d'une voussure en plein cintre. Un autre là-haut, limité par un arc brisé. De l'un à l'autre, un pilier central qui guide le regard.

La femme, en bas, tient son enfant mais loin d'elle. Elle semble heureuse. Son corps est admirable de courbes, de plis, il se fond avec celui de l'enfant. Tous ces contours qui font naître la figure émergent à peine d'un enchevêtrement dense de feuilles et de fleurs, où l'on devine aussi parfois des lettres. Deux personnages se mêlent à ce décor, deux prophètes sans doute, aux visages minces. L'œil parcourt d'abord cet espace, il suit la précision des traits, l'imbrication des personnages et du réseau d'entrelacs, femme mère proche là aussi de la matrice du monde.

Noravank, église St Jean Baptiste, tympan du gavit
'...Dieu et l'homme, la parole et l'histoire...'

En haut, c'est Dieu et l'homme, la parole et l'histoire. La sculpture ici cherche à conquérir l'espace, les traits sont marqués, ils disent la rigueur d'un propos, ce qui s'affirme. L'être qu'on figure ici en un immense visage n'exprime rien que sa propre présence, entre paix et puissance. Il tient la tête d'un homme dans sa main - Adam, celui qu'il a créé, ou peut-être Jean le Baptiste décapité, ou peut-être son fils mort, dont on voit à gauche la crucifixion. Là encore, la scène n'attire pas vraiment comme une image à raconter, mais parce que peut-être ici naît, dans l'impassible grandeur d'un visage, une vérité dite.

Étrange dialogue du discours au cœur de l'image, ce qui crée le vent de l'histoire au plus près de la mort, et de cette complexité du monde d'où viennent à l'existence, comme en filigrane, la femme et l'enfant. Les deux grands ensembles sculptés de Noravank côtoient les mêmes territoires: le signe qui foisonne en réseaux complexes, matrice primitive qui fonde le monde et dont s'extrait l'image, incertaine d'abord, puis péremptoire. Représentation triomphante, images où convergent les peurs fascinées, que garde-t-on de ces entours assemblés, de ces articulations multipliées qui les limitent?