C'est une ancienne maison aussi, où le musée s'abrite. "MUSEUM" lit-on en gros caractères sur l'affiche à l'entrée, et, en plus petit, "Musee Regional de Dilidgane". Une femme chaleureuse nous accueille, heureuse de cette rare visite, le plancher craque, et ça sent merveilleusement le bois humide. On allume les quelques lampes qui éclairent les objets d'une salle à l'autre juste pour notre passage - "L'électricité coûte très cher chez nous" dit à nouveau Sona.
La femme a le propos sérieux, précis, nimbé de conviction. Objets trouvés dans les fouilles, de la vie d'avant, jarres pour le vin, vaisselle, bijoux... Puis les maquettes des monastères de la région, anciennes photos, les phases de restauration. La pauvreté du lieu fane le regard, elle met un voile sur le spectacle de la culture, de l'histoire. Comme si ce n'était pas montrer ou comprendre dans la lumière qui importait, mais la mémoire dans le dedans, le filigrane des repères. Sur le mur du fond, un grand tableau, quelques églises en arrière-plan, des silhouettes dans le lointain et au devant un homme qui semble immense et nous fait face, il tient un livre dans ses mains, son visage dans les traits vibrants de la peinture dégage une force qui fascine. Mkhitar Goch21, devant son monastère - Gochavank - scrute le monde.
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21 Voir ci-après Gochavank.