Devant l'hôtel, des arbres encore, un bassin d'eau circulaire où l'on attend le soir. Tout est prévu pour la montée, demain, à Oughtasar, dans un camion avec quelques autres touristes étrangers comme nous. Sona et Achot ne dorment pas ici, faute de budget, ils s'en vont à Goris à quarante kilomètres, où Sona a un ami. Elle est inquiète de nous laisser seuls. Je la rassure. "À demain après-midi, respirez bien dans la montagne."
Plus tard, des femmes viennent pour le repas, on se comprend de geste à geste entre les mots du glossaire. Elles cuisinent délicieusement de gros haricots.
Promenade, tous les deux, dans le lent crépuscule, nous allons vers le petit square, puis vers le pont. Des femmes dans de petits kiosques vendent des fleurs coupées. Les gens marchent par petits groupes. À mi-voix, les conversations font un bouquet sonore. Du pont, l'eau calme de la rivière, beaucoup de détritus. L'air est très doux. Nous revenons par la "galerie commerciale", quelques petits magasins côte à côte, encore ouverts, façades défraîchies, des jeunes qui entrent et sortent, qui nous regardent, étonnés, silencieux. Sisian est douce, très loin de la grandeur tragique de Tatev, on se sent comme déplié - paysages, visages, instants qui s'agrègent, qui font guirlande au cœur de l'air.