Au matin, pour la première fois, il fait gris. "Mist, fog" dit la jeune femme, désolée. On ne peut monter voir les pétroglyphes. Petit déjeuner soucieux. Quoi faire? Sona ne revient que l'après-midi.
"Peut-on louer un taxi pour visiter Karahunj et Vorotnavank?" Efficacité de l'hôtel. Un quart d'heure, et nous voici sur les hauteurs au nord de Sisian. Notre chauffeur, bienveillant, timide, nous arrête au bord des pierres levées de Karahunj. Plus de deux cents pierres de basalte, qui datent, dit-on de 2000 ans avant J.-C., disposées en ovale, certaines percées à leur sommet de trous.
On ne sait pas vraiment quel était l'usage de ce lieu. Nous ne sommes qu'à quelques kilomètres de la ville, les nuages commencent à se lever, le soleil frêle marque la terre en contrebas sur ces immenses étendues d'herbe grillée. Le vent siffle dans les pierres. Pas d'arbre ici, mais des fleurs par touffes, jaunes, bleues, et au loin des pans entiers de la montagne violets, sous le vent. Des kilomètres d'espaces ouverts, nus, immobiles, pas une maison, pas un signe humain, à part ces pierres à peine mises en ordre. Nous marchons là, chacun de son côté, nous interpellant parfois comme pour éprouver de l'un à l'autre l'irisation de l'air.