Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Ererouk
Restes de la façade
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Areni
Pierre tombale près de l'église
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Ketcharis
Le bac à bougies
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Bjni
L'église Saint-Serge
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Aghitou
Une pierre tombale
Moro dzor
Chemin dans le village

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Retour à Sisian, nous échangeons de maigres mots avec notre chauffeur. Il est midi. "On marche, on achète à manger et on mange !..." Il y a partout des arbres dans la ville, plusieurs rangées parfois près des trottoirs, pour l'ombre, pour s'asseoir. Près de l'hôtel, une place dallée tout en long pour les piétons - ici deux femmes âgées tiennent conversation, là trois hommes debout, dos contre l'arbre, plus loin une fontaine où l'eau jaillit à peine, on s'y penche pour boire.

Puis la rue principale, plus animée, quelques voitures, des grappes de gens, l'élégance des femmes. Voici les magasins d'hier soir et les étals dehors. Un enfant qui parle anglais se joint à nous, il nous aide pour nos achats: des abricots, notre premier raisin ("On dit que le raisin n'est pas bon tant qu'il n'a pas été béni. C'est le quinze août, à la fête de la vigne" avait dit Sona). On entre dans la petite boulangerie. Lavash et gâteaux secs, en surnombre, car la boulangère n'a plus de monnaie, elle fait l'appoint en nature. Elle veut savoir d'où l'on vient. "Frantza", le visage s'éclaire, elle ajoute un gâteau dans le sac.

Sisian, dans la rue, avant midi
'...près des trottoirs, pour l'ombre, pour s'asseoir...'

Pique-nique devant l'hôtel, assis à l'ombre. Le temps flotte, on attend Sona, vers quatorze heures. L'inépuisable délice des fruits. Une jeune femme vient vers nous. Cheveux noirs, teint presque doré, elle est grande, vêtue d'un ensemble tout blanc. "You speak english ? Français?" Elle est étudiante, demeure à côté, "là, dans la maison." Elle sourit. "Je peux vous parler ? Je ne vous dérange pas ?" Elle dit ses études, les langues qu'elle apprend, la beauté difficile du français. Elle nous demande le pourquoi du voyage, de l'Arménie. Transparence dans la chaleur lourde du midi, voiles qu'on lève dans l'insouciance des propos. Elle nous quitte soudain, gênée de sa légère audace. Douce, comme cette ville.

À l'hôtel, la jeune femme qui nous voit désœuvrés nous offre un thé et des morceaux de chocolat. Le propriétaire de l'hôtel arrive. Je leur tends le guide en anglais: bonheur de se voir cités, qu'on parle d'eux en bien. Les échanges gagnent en chaleur. Sona arrive, avec Achot. Non, on n'est pas allés là-haut, non, non, on ne s'est pas ennuyés, oui, oui, on s'est bien débrouillés avec le taxi. "Mais comme il fait beau maintenant, est-ce que ce serait possible d'y aller, à Oughtasar ?" C'est non d'abord, avec un grand sourire, puis c'est oui, car quelques jeunes touristes arméniens viennent d'arriver, qui veulent y monter aussi. Dans une heure.

"Ce ne sera pas trop tard ?

- Non, non, le jour est long."

Ce soir, on ne dort pas là, il faut remonter vers le nord.