Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Aghitou
Une pierre tombale
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Moro dzor
Chemin dans le village
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Ketcharis
Le bac à bougies
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Ererouk
Restes de la façade
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Areni
Pierre tombale près de l'église
Bjni
L'église Saint-Serge
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Dialogue de la langue et de l'image, l'avenue Machtots qui traverse le centre d'Erevan de part en part, se termine par une grande montée de marches qui la barrent dans toute sa largeur. En haut, c'est le Matenadaran, l'institut des manuscrits anciens où nous allons, où les enluminures arméniennes sont conservées. L'ensemble fait une grande esplanade en hauteur, comme suspendue entre terre et ciel. "C'est là qu'on a fait les grandes manifestations pour le Karabagh. Plus de dix mille personnes peuvent tenir ici, et c'est bien pour parler."

Au premier niveau, la statue de Mesrop et son élève. Il nous fait face, il montre de sa main droite derrière lui les trente-six lettres de l'alphabet qu'il a créées. "Voyez, dit Sona, c'est neuf rangées de quatre lettres, et ça forme une prière." Au-dessus, sur le second niveau de l'esplanade, six statues d'intellectuels, debout, qui ont marqué l'histoire d'Arménie. J'y reconnais Mkhitar Goch, et j'entends les noms qu'égrène Sona, Moïse de Khorène, Grégoire de Tatev...

Dialogue de la langue et de l'image, c'est ici le corps de la mémoire arménienne, sa face urbaine, proprement patrimoniale: l'héritage des savants, alors qu'ailleurs dans les villages, c'était bien souvent l'habitant qui prenait soin du monastère ou de l'église. Pierres en architecture disséminées dans le pays des pierres, manuscrits plus volatils, créés dans toute la diaspora depuis des siècles, et qu'on rassemble là, qu'on préserve, qu'on fait vivre. "Ce n'est pas un musée ici, nous dira la jeune femme guide, il y a soixante chercheurs en permanence." Et elle racontera - avec la véhémence d'une preuve irréfutable - l'histoire de ce médecin qui va chercher des cochenilles tous les ans en septembre dans la plaine de l'Ararat, pour "obtenir des pigments authentiques pour la restauration".