Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Bjni
L'église Saint-Serge
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Ketcharis
Le bac à bougies
Aghitou
Une pierre tombale
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Ererouk
Restes de la façade
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Moro dzor
Chemin dans le village
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Areni
Pierre tombale près de l'église
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Tegher
Croix sur les pierres de la façade

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Dernier matin, Sona vient partager le musée avec nous, place de la République, près de l'hôtel. Objets du patrimoine dans leur mise en scène, ce qu'on explique, ce qu'on met en rapport, l'espace qu'on recrée. On va de salle en salle que les employés éclairent quand on arrive, puis éteignent après notre passage. Objets évidemment les plus précieux, comme ce char du XIVe siècle avant J.-C. retrouvé dans les eaux du Sevan.

Des khatchkars, des sculptures arrachées à leurs lieux, celle-ci qui vient de Spitakawor, celle-là de Dvin. Et dans une autre salle, les fresques qu'on a reconstituées, celles d'Haghbat et d'ailleurs. Objets de science, de représentation choisie, mis en exergue, comme dans tous les musées du monde, mémoire préservée, ce qui fera témoignage plus tard. Nous passons dans ces pièces, dans la douleur de ce qui s'évanouit, dans la maigreur de ces objets seuls. Je revois la vieille femme à Makénis nettoyant le sol de son balai de sorgho, nous montrant les khatchkars saturés de soleil, nous tenant les bras, radieuse, regards croisés.

Repas de fête au restaurant pour Sona. Les repères des jours qu'on plante à nouveau dans la mémoire, les rires et les peurs, le difficile qu'on a traversé, le sublime qui nous porte. "Les gens me disaient: Que des étrangers soient capables de faire ça, c'est extraordinaire !" Sona qui se détend, les échanges qui se prolongent, les adresses qu'on se donne, on va s'écrire, il y a Internet. L'émotion dans la gorge, les yeux qui pétillent, on se quitte, on s'embrasse. Je la suis du regard, elle s'en va vers la rue Abovian, je la perds dans la foule.

Dernière collation dans la chambre d'hôtel avant l'avion, pêches et raisins. La chair des pêches, le bonheur du goût, je me répète le mot "fruité", comme si la langue pouvait circonscrire l'errance des saveurs de la terre.