Foule encore dans les allées, sur le parking, avant une rue calme à quelques centaines de mètres. Sainte-Gayané, l'église aux pierres rouges, date du VIIe siècle. On y a fait aussi quelques ajouts, mais le regard qui la découvre à l'entrée de l'enclos, sait d'emblée qu'une langue se dit ici, qu'on peut comprendre, avec qui l'on peut vivre. C'est comme à bien des endroits la plénitude dépouillée des géométries, les élans de symétrie de la coupole et des toits.
Comme à la cathédrale, on a poli les abords, rendu plus exacts encore l'équilibre, la perfection. Nous marchons, pour comprendre, avec le corps qui a besoin d'éprouver l'espace, avec le regard qui découpe, qui s'imprègne, qui cherche l'exception des sculptures au cintre des fenêtres. La galerie en avant de l'église et ses trois arches où l'ombre appelle l'ombre de l'intérieur. Jamais je n'aurai perçu comme en ces églises arméniennes ce qu'est le dialogue presque amoureux du corps et de l'espace construit, et comme dans l'amour ce jeu inépuisable des échos, des facettes de l'être.