Nous parcourons la ville à nouveau, un peu plus loin Sainte-Hripsimé est construite aussi sur le lieu du martyre. Puissance sobre encore des pierres claires, assise intense qu'on a peu retouchée depuis quatorze siècles. On y arrive par une petite allée de pierres, avec à droite un jardin d'arbres fruitiers, rangs de vigne, pêchers. L'église est en hauteur, simple sous le regard. Un porche à l'ouest fait rupture, ajouté à la forme originelle, et qu'on a orné de rares motifs d'entrelacs.
Moins de foule ici, moins de richesse et de pouvoir, la permanence plus seule, plus acceptable. Nous descendons l'allée, je ressens soudain la répétition des lieux, l'injustifiable des martyres et de leurs emblèmes, ce rythme de la vérité construite, reconstruite. Discours prégnant, l'élan qui marque le territoire dans l'histoire, Grégoire illuminant d'une foi nouvelle les lieux phares du pays, ces lieux païens qu'on efface. Lumière neuve contre ancienne lumière. Est-il une trace dans l'architecture de mémoire qui n'exclut pas, qui agrège?
Dans l'enclos, d'une pièce où l'on vend des souvenirs, un faible chant qui monte à la voix pure, nous entrons, il fait frais, la voix emplit le corps. Ce qu'on entend, qui cherche dans la mélodie le sublime, s'appelle "Ter voghormya" - Dieu nous pardonne...