Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Moro dzor
Chemin dans le village
Kobayr
Visage du Christ de l'abside
Bjni
L'église Saint-Serge
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Aghitou
Une pierre tombale
Ererouk
Restes de la façade
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Areni
Pierre tombale près de l'église
Ketcharis
Le bac à bougies
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

"Voulez-vous vraiment voir l'autre église?" Achot a transmis à Sona son désir d'abréger. Oui, on souhaite continuer, malgré la chaleur qui pèse. Discussion, puis quelques centaines de mètres en bus vers Shoghagat le "flot de lumière". Dernier jalon du parcours au cœur de la ville. Répétition encore: l'enclos bien entretenu, les abords lisses, l'allée puis au bout l'harmonie de la façade, de la coupole. Plus près, les murs soignés, les ornements sculptés des fenêtres et du porche qui font le rythme. Au chevet, des entrelacs par fragments, qui tressent une croix.

L'ensemble fait cohérence, il nous marque à nouveau, fait insistance dans l'espace urbain. Mais le site date de 1694: permanence de la mémoire et réécriture aussi, construction représentée comme au VIIe siècle, moment de l'identité qu'on perpétue.

Edjmiadzin, église Shoghabat
'...couche sur couche des valeurs héritées, reprises...'

Quand naît dans l'âme collective cette sensation que les formes, les signes, les images sont nôtres et qu'il faut les préserver, les prolonger, les nourrir de sens? Et ce qu'on accumule d'interprétations, couche sur couche des valeurs héritées, reprises, adaptées au cours du temps, comment le mettre en perspective avec ce qui surgit, qui expulse, radical, dans le vent des brassages des peuples et des violences? Art roman, gothique, baroque... je repense aux grandes traces de notre mémoire, soumises aux luttes, fruits des conflits aussi, qui nous ont façonnés, à ces facettes multiples, cette mobilité et cette incertitude où nous baignons aujourd'hui. L'architecture arménienne traverse l'histoire avec une étonnante stabilité, l'affirmation constante de l'essentiel, peut-être parce que c'est plus une culture qui s'écrit précairement à l'œuvre, qu'un pays qui s'affirme au firmament des pouvoirs. Ballottés entre les Perses et les Ottomans, les Arméniens restent eux-mêmes, ils sont à l'abri des grandes ruptures de l'histoire.

Avant de continuer vers Zvartnots, nous voulons tous quatre respirer un peu, remuer calmement tout ce vécu d'images, et boire frais. On a repéré tout à l'heure café et terrasse à l'ombre, dans la rue principale. "Achot dit qu'il y a un café à Zvartnots, c'est tout près." Mais nous avons vraiment très soif, nous doutons des promesses d'Achot et le café ici est tout près aussi.

"Nous, nous voulons aller au café ici.

- Mais Zvartnots est juste à quelques kilomètres !"

J'élève la voix.

- "C'est nous les clients, c'est nous qui décidons. Nous allons ici."

Echanges tumultueux entre Achot et Sona. Le bus démarre, bientôt la terrasse à l'ombre. "C'est là, stop, stop !" Achot se range, silence tendu, on descend. Bienfait de la Djermouk fraîche... Sona vient nous rejoindre. On l'invite à boire avec nous. Elle refuse doucement, retourne avec Achot. Sona qui se tait, désemparée.