Yovhannavank
Église St-Jean-Baptiste • Le tympan, parabole des vierges
Noradouz
Le troupeau qui rentre au village
Areni
Pierre tombale près de l'église
Gochavank
Le monastère vu du bas de la colline
Tatev
Motif sur le tambour de la coupole
Edjmiadzin
Église Shoghakat • Détail de la façade ouest
Sevan
L'église des Saints Apôtres et le lac
Moro dzor
Chemin dans le village
Bjni
L'église Saint-Serge
Gochavank
Tympan • Chapelle de l'Illuminateur
Haghbat
Église St-Signe • Les donateurs, Sembat le roi et son frère Gourguen
Ererouk
Restes de la façade
Erevan
Manuscrit au Matenadaran
Ketcharis
Le bac à bougies
Tegher
Croix sur les pierres de la façade
Makaravank
Église principale • Motif polylobé
Noradouz
Détail d'un khatchkar
Geghard
Des femmes vendant leurs gâteaux
Aghitou
Une pierre tombale
Kobayr
Visage du Christ de l'abside

Terre perdue
dans l'entre monde
peuple dispersé
comme jamais témoin
de notre devenir.


Terre précaire
depuis toujours
entre la résistance
et l'universel.

Route vers le nord, les terres deviennent plus désolées, il fait plus frais. On entre dans la province de Shirak. Peu à peu des champs de blé à nouveau, des parcelles de terre noire. Paysages rudes, au cœur froid, les roches affleurent dès qu'on s'élève, les foins sont maigres. À Maralik, au bord de la route, une longue filature de coton rouille, à l'abandon. D'où venait le coton, du temps des soviétiques? D'Ouzbékistan? J'imagine les balles de coton sur cette ligne de chemin de fer électrifiée, abandonnée elle aussi.

Maralik, ruines du monastère des Saints-Apôtres
'...cortège des mémoires perdues, ce qu'on dissout...'

 

On prend à droite, à la recherche du monastère des Saints-Apôtres. Quelques kilomètres, et la silhouette de pierre, à quelque distance de la route, au pied d'une colline de rocaille. L'endroit est désert, pas d'autres bâtiments qu'une petite église en ruines. On marche vers elle à flanc de colline, le ciel est lourd. Il n'y a plus de sentier qui y mène. De loin, on voit cette moitié de coupole encore dressée, l'herbe qui pousse aux murs à vif. De près, ce sont les amas de pierres, les voûtes précaires qui résistent, la petite porte ouverte sur le vide. Ça et là des pierres encore en place, un bas-relief qui émerge, une tour, un animal...

"On a tellement d'églises, dit Sona. Comment faire pour tout restaurer?" Bientôt la coupole à demi debout s'effondrera, cela fera des pierres un temps entassées. Corps tristes, on enjambe les pierres, on se baisse comme si l'on cherchait l'impossible, ce qu'on ne sait pas formuler, leurre à soi-même qui viendrait là, contre toute mort. Corps lourds, ce qui s'en va, cortège des mémoires perdues, ce qu'on dissout, qu'on ne retient pas. Je te regarde près de moi qui cherche aussi l'improbable, je sais que l'on pourrait passer des heures à retourner ces pierres, heureux, visage contre visage, sans autre espoir contre la mort que ce partage même, geste à geste. Sylvie est repartie, on dirait qu'elle danse entre les roches dans ces petits creux d'herbe rase. Plus bas, Marie-Andrée longe le chemin, petite tache noire et blanche dans l'immensité des parcelles que l'œil prolonge là-bas, vers la plaine de Gyumri.