Panneau de soie, ikat chaîne
Boukhara, Ouzbékistan
Bestiaire au portail sud
Aulnay
Fresques de l'abside
Kobayr (Arménie)
Détail d'un sarong, ikat chaîne
Sikka, Flores, Indonésie
Nous tentons...
Poème (Rémy Prin)
Pua kumbu, ikat chaîne
Iban, Sarawak, Malaisie
Il n'y a jamais...
Poème (Rémy Prin)
Détail d'un khatchkar
Gochavank (Arménie)
Saintongeoise
Détail de la coiffe
Détail d'une robe, ikat chaîne
Urgut, Ouzbékistan
Tissu de flammé, ikat trame
Charentes, France
Motif à l'araignée, ikat trame
Okinawa, Japon
Les églises du monastère
Noravank d'Amaghou (Arménie)
Hinggi kombu, l'arbre à crânes, ikat chaîne
Kaliuda, Sumba, Indonésie
Visage
San Juan de la Pena (Aragon, Espagne)
Carré du marais
St-Hilaire la Palud
Voussure du portail
Foussais
Coiffe de deuil
Mazières sur Béronne

Ce qui a duré
dans la mémoire des hommes,
ce qui fait culture,
paysages de la terre
ou pays de l'esprit,
ce qui peuple le voyage,
les vies, la plénitude,
le patrimoine, ce n'est rien
que ce lien fragile
de ce que nous sommes
à ce que nous devenons.

Ravenne

La ville est proche de l’Adriatique, on va vers elle dans le plat de la terre. Et l’on se dit que le site était indéfendable. Et l’on se demande comment elle a pu devenir la capitale byzantine de l’Occident.

On ne sait pas pourquoi on a fait germer ici des pousses nouvelles des images. Elles sont toujours là ces images faites de mosaïques, imagine-t-on la réalisation de ces centaines de milliers de petits bouts de verre, si lentement assemblés ? La patience du faire, qui a passé plus de quinze siècles en gardant sa fraîcheur. Une sorte de patrimoine inaltérable. Petit parcours, très fragmentaire, dans cette incandescence. 

Ravenne Galla Placidia coupole 

César venait ici, dit-on, prendre ses quartiers d’hiver. Plus tard, la ville accueille les derniers empereurs romains d’Occident, au début du Ve siècle. Galla Placidia, la fille de l’empereur d’Orient Théodose Ier, devenue elle-même impératrice, décide de faire construire le mausolée qui porte son nom. Nous sommes en 430. Et la coupole d’où s’imposent la croix de Constantin et les symboles des évangélistes, rayonne plus encore de ce fourmillement des étoiles de l’univers, assemblées dans une complexité de réseaux improbable.

Ravenne SanVital suite Theodora 

À deux pas de là, un siècle plus tard, on édifie la basilique Saint-Vital, de 526 à 547, période durant laquelle la ville passe sous le contrôle des Byzantins, qui en font leur tête de pont en Occident. On est ici subjugués par l’ensemble impressionnant des mosaïques, qui couvrent quasiment toutes les parois. Outre la magnificence et le précieux, la mise en valeur de Justinien l’empereur et de Théodora son épouse, elles révèlent une sorte de naïveté dans les visages, comme un amour du vivant, qui se découvre et se met à jour avec lui-même. L’ampleur s’articule au souci du détail. Fraîcheur des images, comme on le dit d’un fruit juste cueilli ou d’une terre juste retournée. L’homme se voit-il alors au seuil de cette immense aventure de l’image ?

 Ravenne les rois mages

 La basilique Saint-Apollinaire le Neuf fut construite quelques années plus tôt, au tout début du VIe siècle, par le roi ostrogoth Théodoric, de foi arienne qui considère que Dieu le Père a créé le Fils et lui est donc supérieur. Mais, après la prise de contrôle par les Byzantins, une partie des fresques sera ici remplacée pour que l’édifice soit débarrassé de toute trace d’arianisme. Là aussi, les mosaïques débordent le regard, Deux immenses processions de vierges et d’hommes se font face et peuplent les parois de la nef. En avant, les rois mages montrent une extraordinaire dynamique d’offrande, de tout leur corps.

 Ravenne un roi mage

 Quatre images et quelques lignes ne suffisent évidemment pas à dire en quoi Ravenne est un lieu de rayonnement des images, une sorte de fondation miraculeusement conservée. Il suffit d’être là, de passer d’un édifice à l’autre, pour se rendre compte de l’évidence et du plaisir de l’image, pourtant atteint après une si longue patience, un si lent labeur. Et c’est comme un breuvage qui étanche, qui nourrit, sans qu’on sache vraiment comment.

 En septembre 2014

 Écriture 29 juin 2024

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