Depuis Kachgar, sur cette route un peu folle qu’on nomme la Karakoram Highway, l’expérience du parcours est d’abord celle des hautes montagnes, à plus de sept mille mètres d’altitude, qu’on observe au loin, blanchies de neige et de glace.
Cela fait dix-sept ans que nous avons passé quelques jours à Kachgar, cette ville aux confins du Xinjiang, autrefois nœud d’échanges de la Route de la Soie.
La Géorgie a gardé une profusion d’églises, dont beaucoup sont ornées de fresques. C’est un merveilleux observatoire de la permanence et des évolutions de l’image byzantine, en plus d’une immersion dans un territoire magnifique.
On a continué de remonter la route militaire, qui se faufile dans les immenses trouées vertes de ces montagnes qui pourtant n’écrasent pas le paysage, comme si la grandeur magnifique ne sombrait jamais dans le vertige ou l’arrogance.
C’est la route du Nord, qui monte vers la Russie, la voie des invasions depuis toujours, la grande route militaire dit-on aujourd’hui.
“ On prend la route de la steppe ”, dit Lela notre guide, avec son air un peu triste et ses grands sursauts de lumière. Au fur et à mesure qu’on s’éloigne de la capitale, les villages et leurs habitations semblent se décomposer.