Visage
San Juan de la Pena (Aragon, Espagne)
Panneau de soie, ikat chaîne
Boukhara, Ouzbékistan
Hinggi kombu, l'arbre à crânes, ikat chaîne
Kaliuda, Sumba, Indonésie
Détail d'un sarong, ikat chaîne
Sikka, Flores, Indonésie
Détail d'un khatchkar
Gochavank (Arménie)
Pua kumbu, ikat chaîne
Iban, Sarawak, Malaisie
Tissu de flammé, ikat trame
Charentes, France
Voussure du portail
Foussais
Les églises du monastère
Noravank d'Amaghou (Arménie)
Carré du marais
St-Hilaire la Palud
Fresques de l'abside
Kobayr (Arménie)
Détail d'une robe, ikat chaîne
Urgut, Ouzbékistan
Bestiaire au portail sud
Aulnay
Motif à l'araignée, ikat trame
Okinawa, Japon
Saintongeoise
Détail de la coiffe
Nous tentons...
Poème (Rémy Prin)
Il n'y a jamais...
Poème (Rémy Prin)
Coiffe de deuil
Mazières sur Béronne

Ce qui a duré
dans la mémoire des hommes,
ce qui fait culture,
paysages de la terre
ou pays de l'esprit,
ce qui peuple le voyage,
les vies, la plénitude,
le patrimoine, ce n'est rien
que ce lien fragile
de ce que nous sommes
à ce que nous devenons.

Le temps lointain

Le temps lointain
que la mémoire garde vague après vague

l'hiver je suis devant le feu
je scrute les mystères des braises
j'attends la vie qui ne vient pas encore.

Au printemps, devant la rue
assis sur les marches à guetter les nuages blancs
qui s'effilochent
et je me dis que les jours toujours
seront ainsi insaisissables
toujours les nuages en vie qui s'en va

Je me dis que la vie n'est rien
que ces moments en allés toujours
qu'on peine à voir dans l'instant,
un peu de la lumière, un peu du vent
et ce qui reste dans le souvenir
qu'on pourrait presque toucher comme un corps

L'été nous allions dans les prés
chercher l'air plus transparent
les pousses plus sauvages
et je guettais dans les sourires
des autres l'approbation
de ce qui faisait vie entre nous,
un vol d'oiseau à contre-jour,
le balancement prodigieux des arbres sous le vent,
tout ce qui fait le murmure audible du monde
et qu'on agrippe à peine dans ce qui passe

Le temps lointain s'est resserré
je puise en lui la main fébrile
il se donne généreux comme jamais
les couleurs de l'enfance sont bien plus vives
elles fondent la douleur, le bonheur,
elles s'écrivent sur nos sourires d'alors
sur nos jeux inventés
quand tout se donne

Comment dire la permanence des murmures
au long des vies rien ne reste
à part ces effluves en soi
fragments improbables qu'on voudrait donner
tant et tant
la vie qu'on ne sait pas
nos corps plongés
dans la durée, tant et tant,
ce qui s'arrêtera
un jour d'une saison un peu plus fraîche

Comment rendre à ceux que j'ai aimés
un peu de la lumière, du vent dans la mémoire,
tant et tant,
du bonheur des saisons avec eux vécu
sans trop savoir
l'essentiel qui nous traversait.

Écriture 16 avril 2022

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