De tous ceux qui passent
qu’on voit à peine
à peine des ombres qui traversent
la lumière, les prairies
un peu du temps instable devant nous
De tous ceux-là, il faudrait
dresser des portraits étoffés
jusqu’à la chair intime des sourires
afficher les vies
partout sur le monde
dire le moindre geste
le sauver
dans la mémoire, entre nous, partagée
La dame veille sur ses chiens, ses chats
elle sort de chez elle parfois
encombrée de son corps
“ C’est l’heure de la promenade ”, dit-elle
pour quelques pas gagnés
sur la dureté des jours
Et lui qui vit
au sein de ses fenêtres closes
il se nourrit des pierres qu’il entasse
un peu partout
sur son bout de terre
bien alignées
les pierres alors
disent la fragrance du monde
et ce qu’on a perdu de lui,
à jamais
Et celle qui marche
à contrepoint de sa jeunesse
Que retient-on de soi-même
dans les saisons, semble-t-elle questionner
de son regard apeuré
Portraits qu’il faudrait inscrire
dans l’air vif
au plus près des instants aigus
qui nous enlacent
à la pointe du temps
Silhouettes, visages
un instant sur la terre
qu’on voit à peine
qu’on ne sait pas
dont les gestes dans la lumière
cognent si fort
à la porte de ce qui dure.
Écriture 28/02/23