Les étoiles dans la mémoire
qu’on risque de perdre à jamais,
ma mère qui étend le linge dans le soleil
mon père qui prépare dans l’atelier ses peintures
avec du Blanc d’Espagne,
tous les scintillements de l’enfance
en friche, en soi,
que la pensée tente de garder.
On n’a pas prise sur la mémoire
ni ses enchantements ni les béances,
la vie qui revient
ce n’est toujours qu’en pointillés
en instants clairsemés.
On sait bien qu’on marche vers l’absence,
que les étoiles vont se dissoudre un jour,
on voudrait tant que la mémoire
et toutes ces vies amassées en chaque corps
servent de chemins multiples, rayonnants,
à ceux qui passent après,
qui brodent à leur manière la vie avec un peu de soi.
Les instants passent toujours, on retient d’eux
la découverte des fleurs aux bords des promenades,
le passage à travers un village
qu’on n’a pas vu depuis longtemps,
le bonheur d’être ensemble
qui monte en vous soudain,
sans qu’on le prévoie, sans qu’on l’explique,
simplement les pas conjugués,
le vieux chemin retrouvé après un long détour
et la frondaison de ses arbres.
Tous les instants sont des étoiles,
la vie ne les garde pas tous en elle
on ne sait pas bien ce qui choisit,
ce qui fait durer l’instant ou l’étoile
comme pour l’éternité.
Écriture 9/05/23