Nous tentons...
Poème (Rémy Prin)
Carré du marais
St-Hilaire la Palud
Panneau de soie, ikat chaîne
Boukhara, Ouzbékistan
Les églises du monastère
Noravank d'Amaghou (Arménie)
Saintongeoise
Détail de la coiffe
Pua kumbu, ikat chaîne
Iban, Sarawak, Malaisie
Visage
San Juan de la Pena (Aragon, Espagne)
Tissu de flammé, ikat trame
Charentes, France
Motif à l'araignée, ikat trame
Okinawa, Japon
Il n'y a jamais...
Poème (Rémy Prin)
Détail d'un sarong, ikat chaîne
Sikka, Flores, Indonésie
Détail d'un khatchkar
Gochavank (Arménie)
Bestiaire au portail sud
Aulnay
Voussure du portail
Foussais
Coiffe de deuil
Mazières sur Béronne
Détail d'une robe, ikat chaîne
Urgut, Ouzbékistan
Fresques de l'abside
Kobayr (Arménie)
Hinggi kombu, l'arbre à crânes, ikat chaîne
Kaliuda, Sumba, Indonésie

Ce qui a duré
dans la mémoire des hommes,
ce qui fait culture,
paysages de la terre
ou pays de l'esprit,
ce qui peuple le voyage,
les vies, la plénitude,
le patrimoine, ce n'est rien
que ce lien fragile
de ce que nous sommes
à ce que nous devenons.

Piero della Francesca à Arezzo (2)

Deux exemples, encore, de fresques créées par Piero della Francesca à Arezzo, pour toucher un peu des yeux un génie de la peinture.

Une Annonciation d’abord, une des scènes les plus représentées du récit évangélique. Celle-ci est située aussi dans la basilique Saint François, juste à côté de l’Histoire de la vraie Croix, sans qu’il y ait de rapport évident entre les deux. Mais on sait que la fête de l’Annonciation connaissait à Arezzo un culte particulier et que les Franciscains y étaient très attachés.

“ Contrairement à tant de Vierges de l’Annonciation dans l’histoire de l’art, la madone de Piero n’a rien de timoré : elle s’impose par sa majesté calme et sereine, noble sans être hautaine, avec une grandeur innée qui fait d’elle l’élue entre toutes les femmes1. ” La scène est située devant la maison de la Vierge, sous un portique transformé en décor Renaissance, où les influences antiques sont bien présentes. Voici d’abord le visage de Marie.

 Arezzo Piero della Francesca Annonciation 1

Il y a un mystère dans les visages de femmes de Piero, et une parenté entre eux tous (Voir plus bas celui de Marie-Madeleine). Les jeux de la lumière et des couleurs sont d’une subtilité qu’on creuse au fur et à mesure du regard. La transparence de la coiffe locale, les traits si fins des joues, le modelé des lèvres sont en quelque sorte des signatures somptueuses du peintre. Mais, bien plus, tous ces éléments participent d’une plénitude, d’une présence exceptionnelles. La Vierge a les yeux mi-clos, elle accepte ce que lui annonce l’ange, mais avec distance, déjà emplie de l’accueil du divin en elle.

 Arezzo Piero della Francesca Annonciation Ange

L’ange, lui, est figuré de profil, sous les traits d’un très jeune homme, dans un souci de réalisme extraordinaire. Les jeux de transparence du vêtement font écho à la précision des ailes. La chevelure est nourrie de détails qui ne nuisent en rien à son extrême fluidité qui se prolonge dans tout le corps. Le visage et le signe de la main, nets et précis, irriguent cet immense mystère de l’Incarnation qui s’amorce avec cette scène. Piero, ainsi, nous donne à voir une réalité très aiguisée, très sereine, mais totalement transfigurée par une sorte d’au-delà de la peinture qu’on peine à nommer.

À quelques centaines de mètres de la basilique Saint-François se trouve le Duomo, autrement dit la cathédrale Saint-Donat, où Piero a peint Marie-Madeleine, vers 1468, en haut du mur de la nef gauche et un peu cachée par le tombeau de l’évêque Tarlati. “ Au Moyen Âge, Marie-Madeleine était l’image de la pénitence ; en Italie, ce sont surtout les Franciscains qui, au XIIIe siècle, ont mis son culte en honneur. La représentation qu’on en a demandée à Piero était très populaire au XIVe siècle, c’était la porteuse de myrrhe, d’origine byzantine.2 ” Sous son arche, dans les variations des couleurs et des drapés, Marie-Madeleine devient presque une silhouette en majesté, une majesté toute intérieure, distante encore.

 Arezzo Piero Marie Madeleine  ensemble

Son visage et ses abords, à travers les cheveux défaits, révèle la maîtrise picturale de Piero. Et à nouveau, le réel figuré est dépassé par la sensation de présence ultime et mystérieuse de cette femme aux mœurs légères maintenant repentie, devenue proche de Jésus.

Arezzo Piero Marie Madeleine visage

 Pamela Zanieri, Guide sur les traces de Piero della Francesca, Scala, 2012, p. 56
 Ronald Lightbown, Piero della Francesca, Citadelles et Mazenod, 1992, p. 183

 

En septembre 2014

Écriture 12 juillet 2024

 

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