Le soir parfois, nous allions marcher, à deux pas le chemin derrière la ferme ouvrait sur la terre.
On montait doucement, la courbe des talus marquait la mémoire des passages, les chemins creusés depuis toujours. Bientôt les murmures du vent dans les hauts pins nous menaient au silence.
On marchait dans la mémoire du paysage c’était la paix sur des années de vie. Rien de certain dans les jours sinon ce rythme ensemble des regards sur le couchant et l’air vif qui rendait les bruyères de l’été plus présentes.
Le soir parfois, nous cherchions à deux pas cette épaisseur d’humanité sereine, depuis tout ce temps ce qu’on avait su préserver à peine, l’inconnu tangible du silence, les pas sur la terre accordés l’un à l’autre, qui font toujours comme un défi à la mort. On s’arrêtait sous les hauts pins, le vent c’était comme la mer l’inépuisable du voyage, les couleurs accordées des visages, le vent faisait rumeur de l’enfance oubliée, le vent comblait l’angoisse du monde.
C’était au tournant de l’été le soir parfois les pas noyaient notre inquiétude sourde. On se croyait ailleurs, à l’abri de soi-même et des douleurs, dans la précarité d’un instant qu’on aurait en marchant toujours renouvelé. Le soir parfois, nous allions toucher des lèvres le vent, l’immuable.
Écriture en mai 2021