Détail d'un sarong, ikat chaîne
Sikka, Flores, Indonésie
Motif à l'araignée, ikat trame
Okinawa, Japon
Voussure du portail
Foussais
Détail d'une robe, ikat chaîne
Urgut, Ouzbékistan
Les églises du monastère
Noravank d'Amaghou (Arménie)
Nous tentons...
Poème (Rémy Prin)
Visage
San Juan de la Pena (Aragon, Espagne)
Détail d'un khatchkar
Gochavank (Arménie)
Hinggi kombu, l'arbre à crânes, ikat chaîne
Kaliuda, Sumba, Indonésie
Panneau de soie, ikat chaîne
Boukhara, Ouzbékistan
Saintongeoise
Détail de la coiffe
Carré du marais
St-Hilaire la Palud
Bestiaire au portail sud
Aulnay
Coiffe de deuil
Mazières sur Béronne
Il n'y a jamais...
Poème (Rémy Prin)
Tissu de flammé, ikat trame
Charentes, France
Pua kumbu, ikat chaîne
Iban, Sarawak, Malaisie
Fresques de l'abside
Kobayr (Arménie)

Ce qui a duré
dans la mémoire des hommes,
ce qui fait culture,
paysages de la terre
ou pays de l'esprit,
ce qui peuple le voyage,
les vies, la plénitude,
le patrimoine, ce n'est rien
que ce lien fragile
de ce que nous sommes
à ce que nous devenons.

Kachgar

Cela fait dix-sept ans que nous avons passé quelques jours à Kachgar, cette ville aux confins du Xinjiang, autrefois nœud d’échanges de la Route de la Soie.

En fouillant dans la mémoire et les photos, j’ai l’impression d’un autre monde, tant aujourd’hui les bribes encore vivantes de la culture ouïghoure que nous avions éprouvées là-bas, doivent être réduites à néant. Les Routes de la Soie d’aujourd’hui sont d’un autre ordre que celles des échanges millénaires qui ont forgé ces cultures locales qu’on éradique maintenant, sans grand émoi.
Nous avions longtemps respiré la vieille ville. C’était l’Asie centrale et ses ambiances, les fruits sur les étals précaires, les maisons aux arcades décorées, les brochettes sur les trottoirs, les tissus tendus au-dessus des rues étroites pour l’ombre. Au détour, une fillette et ses deux frères sans doute, elle porte une robe en ikat aux couleurs vives, comme une signature de son appartenance. Nous avions un jeune guide “ national ”, chinois Han de Chengdu qui se terrait à l’hôtel, ne voulant pas se mêler aux Ouïghours. A., un jeune ouïghour anglophone, nous accompagnait comme guide “ local ”. Tout ou presque les opposait, l’un n’avait à la bouche que les Jeux Olympiques à venir et la “ market economy ”, l’autre était fier de ses coutumes et de son peuple, fier de partager.

Enfants dans la vieillle ville

Au marché du dimanche, les visages des hommes et des bêtes, en une symbiose heureuse : brebis, chevaux, vaches, ânes et le bruissement humain des petites échoppes où l’on mange, où les déchets de pastèques se mêlent aux billets – l’argent bien à sa place au sein de la diversité du monde. Voilà, on baigne dans tout cela ne serait-ce que quelques instants, et l’on respire à pleins poumons ce qu’est une culture, qui vous nourrit soudain, manière de s’habiller, de se héler, d’échanger, tout ce qui s’est tissé depuis des siècles entre ces gens, le fait d’être assemblés sans que peut-être ils le sachent, à travers leurs misères et leurs grandeurs, et les temps qui vont.

Scène au marché

 

Au marché, les pastèques

Je fais lire au jeune chinois, un encart dans le livre en anglais que nous avons, sur la répression des Ouïghours. Il ne dit rien. La Chine étouffe ses minorités comme autrefois les pays d’Occident. L’économie a besoin de pouvoirs forts, étendus, encore plus aujourd’hui. Les droits humains ne font que le décor des journaux, la vieille ville de Kachgar est maintenant rasée, mais on ne fait pas le deuil d’une ville, le monde avance, il n’y a plus rien à voir.

Céramiques, Mausolée d’Abakh Khodja

Nous allons au mausolée d’Abakh Khodja, vénéré comme un prophète au XVIIe siècle et qui a gouverné un temps cette région. “ Voyez, me dit le jeune Chinois, nous faisons attention au patrimoine ”. Lieu sacré pour les Ouïghours, plus belle architecture islamique de Chine. À l’entrée, les céramiques glaçurées un peu naïves, un peu de guingois, me touchent profondément, comme un signe assuré de la fragilité des cultures humaines.

En 2006

Écriture le 01/08/23

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