Nous marchons. C’est peut-être la vie, ou la douceur d’aimer encore
cette ligne d’horizon vers le Sud emmêlée de collines.
Nous marchons, la vie qui se déroule, nos doigts tentent d’accrocher le temps,
notre corps ne sait rien de nous-mêmes, nous marchons l’un et l’autre,
ensemble s’il se peut, le rythme fait la vie.
D’en haut, le paysage s’étend, vers le bourg au loin, vers les bois taillis au Nord,
on ne sait pas non plus ce qui depuis des millénaires
a créé la cohérence de ce pays, paysage, paysans arrimés à la terre,
c’est tout le passé d’ici qui marche avec nous…
Le chemin de Saint-Jean laisse voir d’immenses versennes,
maintenant que le progrès du monde a détruit toutes les haies
à travers le paysage on se demande toujours
ce que devient la vie
et si l’humanité, quelque peu, pense à la prolonger,
à faire de la terre, des paysages, un écrin pour elle.
Il faut accepter ce qui se déroule
à travers nos pas qui célèbrent notre modeste histoire
la levée d’une semaine à l’autre des blés, des orges,
en même temps que les arbres se défont de leurs feuilles,
mourir et renaître, je te regarde près de moi,
nos pas ensemble ne vont nulle part au-delà de nous-mêmes.
Il faut apprendre à se défaire de soi, de ses vouloirs,
à partager l’air pour la simplicité des pas
et du rythme entre eux qui fait se dérouler le temps,
apprendre que nous ne savons rien du monde, de son mouvement,
hormis cette agitation fébrile, cette domination, un désir.
Tout en haut du chemin, l’œil quête encore plus loin.
L’immensité du paysage rend plus dur le regard en soi-même,
je voudrais ton sourire posé sur la splendeur des terres.
Écriture 26/11/2021