Sur le talus du chemin, des orchidées
comme en tribus venues au jour
parmi les herbes hautes, sauvagement,
on marche près d’elles, on s’arrête,
le temps fait le bonheur dans les couleurs du monde.
Il naît de prodigieux instants
à la lisière de nous-mêmes
qu’on ne voit jamais sous la lumière des hommes,
eux qui s’occupent à l’argent, à la lutte.
Et en aval, d’insupportables silences
qui rêvent d’amour et de fleurs
au sein des jours qui s’en vont vite
il y a tout ce qui nous échappe
qu’on ne peut même pas tisser de regrets,
le sourire qui passe,
le geste insouciant qui montre les collines.
Comme les fleurs, les prodiges viennent,
et passent sans nous toucher,
une main sur l’épaule invisible,
la cascade d’un rire, à l’ombre du cerisier,
de la petite fille qu’on ne verra jamais.
Les orchidées, l’improbable et le sublime,
ce qui surgit de nulle part
au talus des chemins, le regard soudain
qui tient l’instant immobile
contre la barbarie.