Matin de l’été, à Yazd, dans la chaleur. Nous allons à l’écart de la ville, vers le lieu de la mort.
C’est de l’autre côté du fleuve, dans ce quartier de la Nouvelle Joulfa, où les Arméniens s’installent après leur exil voulu par le Shâh Abbas Ier.
Sur cet îlot du lac de Van en Turquie où se dresse l’église d’Aghtamar, un pur chef d’œuvre de fresques et de sculptures du Xe siècle, nous avions rencontré un arménien de Tabriz qui avait fait le voyage jusqu’à Van, avec la grande ferveur intérieure qu’on connaît aux Arméniens, eux qui mènent souvent d’un même élan leur être, leur mémoire et souvent leur malheur.
La mosquée du Shâh donne sur l’immense place d’Isfahan. Elle fut construite par le shâh safavide Abbas Ier au début du XVIIe siècle, après qu’il eut fait de la ville sa capitale.
Nous sommes passés par Natanz un peu par hasard, la petite ville est sur la route d’Isfahan. Reza nous avait dit : “ On s’y arrêtera, vous verrez... ”
Nous avions commencé notre périple en Iran par cette région du nord-ouest proche de l’Arménie et de la Turquie, comme pour partir de terres moins lointaines, plus proches, croyait-on, de nous-mêmes. Et Reza, qui nous guidait, avait voulu nous emmener à la Mosquée Bleue, manière de pierre fondatrice de l’itinéraire.
Quand on ne maîtrise pas la langue d’un pays, à quoi tient la réussite d’un voyage sur ses terres – on pourrait presque dire sa vérité ?
Sur ces chemins quasi infinis, qu’on a dit de la soie, entre Orient et Occident, que les voyageurs empruntent depuis deux millénaires, l’Iran fait office de plaque centrale, une simple carte le montre.